Il y a certains livres qui sonnent comme des réveils intérieurs, confortent certains idéaux et comportent certains enseignements riches et apaisants. J’ai toujours cru en la force des mots, pour traduire non seulement les maux d’un être ou d’une société mais également parce qu’un livre est plus fort qu’une arme, et ces traces sont indélébiles. Parler de l’importance du livre, l’un des meilleurs compagnons de l’Homme, n’est pas l’objet de notre article, mais plutôt celui de mettre en lumière ceux qui par leurs écrits ébranlent le monde et la société, et le livre de Mohamed Alami Berrada, en est véritablement un, et mérite à mon sens d’être connu du public.
Après les évènements tumultueux qu’a connus le pays ces derniers mois, il me fallait très sincèrement me raccrocher à quelque chose ; un livre, un article, un documentaire donnant une autre image de ce pays. Disons que les balades dans les librairies vous sauvent des fois, puisque lors d’un après-midi, en cherchant les bouquins qui allaient m’accompagner lors de mon voyage dans le sud, je suis tombée sur ‘Lettre à mon fils’ et la curiosité prit le dessus, je n’attendis point.
Comment feindre de rester indifférent lorsque le langage du cœur et de l’âme s’invitent au premier plan, ne désamorçant à aucun moment la pertinence scientifique, historique et la touche autobiographique de certains passages du bouquin ? Pour autant, ce livre est dédié à tous les « Marocains patriotes, fiers de leurs identités, habités par des valeurs qu’ils incarnent au quotidien » dixit MAB. Et même s’il s’adresse à Yassine, on se sent également concernés.
Le ton éthique et responsable est annoncé dès le début par la citation poignante de Galilée « Vous ne pouvez rien apprendre à un homme, vous pouvez juste lui apprendre ce qu’il a déjà en lui ». En ce sens, l’idée que chaque citoyen possède en lui un potentiel me parle, ainsi chercher sa réelle ‘vocation’ est un pas important selon l’auteur, pour contribuer au développement de son pays. Ainsi, plus on est passionné, mieux on s’implique et plus on inspire, et au Maroc l’inspiration est un moteur d’action et de défis. Notre devoir ne serait-t-il pas d’abord de nous trouver avant de converger vers le ‘bien commun’ ?
L’auteur évoque également l’importance de cultiver le leadership dans son organisation/association, milieu professionnel ou familial, enfin dans son entourage en général. Tout en convergeant vers la quête de vertus telles que l’excellence, la bienveillance et la compassion. Il avance également une chose dont il est particulièrement fier, celle de la multi-culturalité dont jouit notre pays, à cheval entre son ‘africanité ’, son ‘amazighité’, et sa proximité de la Méditerranée et de l’Occident. Autant d’atouts pour faire du Maroc un pays ouvert et tolérant si ça ne tenait qu’à cela.
Mais à mon sens, certaines problématiques auxquels fait face le citoyen marocain, liées en partie à la défaillance du système éducatif et culturel, pour ne citer que cela, révèlent une autre facette du Maroc qui fait face à la perdition de certaines valeurs de citoyenneté. Et si l’école et le système éducatif ne sont plus en mesure de véritablement inculquer ces ‘valeurs’, quel est le rôle de la famille, des maisons de jeunes et des complexes culturels dans la construction de citoyens ‘avertis’ ?
Enfin, si il y’a une chose sur laquelle insiste l’auteur à la fin de son ouvrage, c’est bel et bien la bienveillance vis-à-vis des migrants qui rejoignent le Maroc par milliers, mais qui face à l’absence de vrais politiques d’accueils, vivent leurs périodes de ‘transition’ dans des conditions extrêmement déplorables. Le Maroc a toujours été une terre d’accueil affirme Mohammed Alami Berrada, et si nos migrants marocains ont pu trouver refuge dans d’autres contrées, il est nécessaire de se mobiliser pour plus d’humanité dans la gestion de cette question sociale.
Un texte empreint d’optimisme et d’espoir, qui ne se donne pas comme vocation de voir du bon côté les problèmes que connait le pays, mais qui certes montre qu’en cultivant des vertus en soi, en travaillant main dans la main, il est possible, avec amour et passion, de construire des bases solides dans ce pays.
Et je ne vous livre pas tout sur « Lettre à mon fils », pour que vous puissiez trouver, par vous-mêmes, les jolies découvertes dont il recèle.
Bonne dégustation :)