Depuis les discours fiévreux de mamie sur son enfance à Jnane Sbil et les récits autour de la formation de babasidi à l’Université Al Quaraouine, je fus toujours animée par l’envie découvrir la ville de Fès, non comme un point de passage lors de divers chantiers ou mariages, mais plutôt le temps d’un week- end, en sac à dos dans la Médina ancestrale afin de m’imprégner de l’énergie du lieu, des couleurs, épices et gastronomie locale mais surtout du patrimoine culturel et architectural riche et diversifié. Alors sur un coup de tête, je décidai la veille de préparer mon Sac à Dos, et me jeta dans l’aventure, quoi qu’au Maroc, même si je n’avais pas tellement l’habitude, il fallait bien un jour se prendre au jeu.
Voyager en solitaire, est l’une des meilleures façons de se recentrer sur soi , de recharger ses batteries, et nettoyer ses énergies. Une manière d’aller à la rencontre des locaux, de sortir de l’habituel, déserter sa zone de confort et s’ouvrir aux expériences et au hasard ; ce sentiment d’adrénaline qui monte mêlé à l’excitation est enivrant et quand on y goûte,il faut dire qu’on n’en s’en lasse pas.
Notre super aventure allait tout de même commencer par une mauvaise surprise, celle à laquelle sont souvent confrontés les voyageurs lorsque les jolies photos sur ‘booking’ ne ressemblent aucunement à la réalité. Arrivée à la médina de Fès, je fus guidée dans des chemins tortueux au ryad en question, dans lequel une chouette communauté de Dreads Mens and womens m’attendaient. Je fus accueillie par ‘oumaima’ en pyjama, un pet dans la main qui me guida vers les gestionnaires du ryad, qui semblaient un peu dans les nuages. Je m’assis, et échangea quelques mots avec un chilien à côté, mais fus estomaquée en même par l’état désastreux du ryad, qui empestait l’odeur du shit. Je voulais qu’une chose, quitter ce lieu dans lequel je n’étais pas très à l’aise. C’était chose faite et je me retrouvais donc un samedi à 13h sans logement entrain de vadrouiller dans la médina, c’était quand même un peu flippant sur le coup. Mes pas me guidèrent finalement vers des artisans auxquels je demandais de m’indiquer de chouettes hôtels/ ryads dans la médina. Un gars entendit la discussion, et décida de me conduire au fameux endroit, une petite étoile tombé du ciel, qui était d’ailleurs propre et central. Je pouvais dès lors profiter de mon séjour et partir à la découverte de la ville.
Le premier coin que l’on m’avait recommandé était un petit restaurant niché dans une ruelle alléchante, et ça tombait bien à l’heure du midi. J’arrive donc chez Mr Berrada, un septuagénaire qui en guise de bienvenue vous fait des pirouettes, et dont les plats sont un vrai délice ; le thé préparé par ses soins, les petites salades marocaines, les tajines qu’il te fait gouter dans la cuisine pour pouvoir choisir sont juste succulents. On en ressort plutôt bedonnants, le ventre plein mais le cœur attendrie devant tant de chaleur et de générosité.Pour celles et ceux qui voudrait découvrir, c’est dans la place ‘3achabine’.
Je file ensuite accompagnée par Mr Berrada qui me conduit gentiment à la ‘Quaraouine’. Depuis qu’elle sa restauration par l’architecte Aziza Chaouni, je meurs d’envie d’y aller mais surtout de découvrir sa fameuse bibliothèque et tous les manuscrits qui y sont gardés soigneusement. Il faut dire que ni la mosquée (accessible pendant les heures de prière) ni la bibliothèque ne sont ouverts au grand public pour le moment, mais devant certaines situations, faire ses yeux de biche, et demander tout gentiment peut vraiment faire l’affaire. Je réussis donc à entrer dans la mosquée et ensuite à la bibliothèque et resta bouche bée devant la magnificence du lieu ; une hauteur sous plafond majestueuse, un bois datant de plusieurs siècles resté intact, des revêtements de zelliges traditionnels ornant le sol et les murs, et des fentes de lumières structurants l’espace, donnant véritablement envie de s’y attabler pour bouquiner. Il y’en a pour tous les gouts, toutes disciplines confondus, mais mon regard s’arrêta tout de même sur le rayon ‘Attassaouf’ écrit en ‘Koufi’, comme l’aurait été les premiers versets du coran ; une pure merveille. Le gardien me montra même tout le patrimoine qu’on avait pu récupérer d’Andalousie et c’était juste impressionnant. Je ressors sur un nuage sur la ‘Place Seffarine ‘, et découvre en route la 'médersa ‘Attarine’, bijoux d’architecture mérinide dont le nom fut tiré des marchands d’épices à proximité.
En continuant le périple dans la Médina, je me dirige vers la 'place des tanneurs', la plus grande du Maroc d’ailleurs ou l’on vous propose avant de monter en terrasse contempler l’envers du décor, des feuilles de menthe, parce que ça sent vraiment fort. En haut, je suis frappée par la diversité des couleurs de cuir et par la beauté des petites maisons dans lesquelles sont stockées les marchandises. Je réussis à me faufiler avec les groupes de touristes ou l’on me prend d’ailleurs tantôt pour une chinoise, tantôt pour une américaine métisse, ce fut plutôt réconfortant pour ces rares fois où l’on mépargne les fameux ‘pss pss à zine’. Plus loin je m’arrête au passage chez un fabriquant de tapis traditionnels et monte à sa terrasse ou je contemple tous les toits des petites maisons de la Médina, mais la vue m’offre en prime une étendue de verdure en face, dans laquelle je me perd un long moment avant d’être rappelée par le propriétaire, qui me propose ses diverses créations de tapis et d’oreillers brodés.
En venant à Fès, je ne pouvais pas rater le ‘Café Clock’ dont on m’avait tant parlé, un chouette coin de la médina plutôt gentrifié et fréquenté par les étrangers, et les locaux en quête de liberté. C’était d’ailleurs tout de même marrant puisqu’en demandant mon chemin l’on m’avait signifié que ce n’était pas un endroit respectable pour une ‘fille’ et de surcroît seule, et en y voyant pas mal de couples par la suite, j’avais compris qu’on y venait trouver la PAIX, loin des regards et jugements auxquels la jeunesse marocaine est souvent assujettie. En rebroussant chemin je visitais l’emblématique ‘Medersa Bouanania’, magnifique temple d’architecture musulmane mais surtout l’unique merdersa à Minaret.
Fès est aussi connue pour ces jardins en plein air, dont 'Jnane Sbil’, superbe espace vert réaménagé il ya quelque années que je n’ai malheureusement pas pu visiter, arrivant trop tard. Pour informations, il ouvre du mardi au dimanche de 9h à 17h30. En prime et pour clôturer cette journée riche en émotions, je me dirigeai vers la ‘Porte Boujloud’, ou je dégustai les fameuses crêpes à mille trous ( Beghrir) taille XXL et du thé à la menthe avant de rejoindre mon hôtel. Sinon à part ça, il faut prendre ses précautions lorsqu’on est seule après 19h-20h dans la médina, et ne surtout pas flipper quand on se perd dans ses ruelles sinueuses, c’est d’ailleurs la partie la plus amusante et à fois la plus frustrante lorsqu'on se rend compte qu’après une journée de vadrouille on a fait que le quart XD.
Alors le temps d’un Week end, pour celles et ceux qui voudrait faire le plein d’énergie, de bonne gastronomie et d’architecture, Fès est vraiment un très bon deal.
A vos sacs à dos ;)