Entre voir et percevoir, toucher et palper, contempler et admirer existe une ligne de mire à partir de laquelle cet artiste plasticien construit son cheminement pédagogique autour du corps humain. Sa pratique ontologique tente depuis plusieurs années, de mettre en lumière le génie de notre corps et nous invite continuellement à nous émerveiller devant ce miracle divin. Vous l’aurez peut-être deviné, l’artiste en question est Said Bouftass, à la fois peintre, plasticien, écrivain et enseignant chercheur à l’Ecole Nationale D’architecture de Rabat, et à L’institut National des Beaux Art de Tétouan. Une figure incontournable dans le monde de l’art marocain, aux innombrables qualités tant artistiques qu'humaines.
Depuis la création de son école de pensée en 2014, la ‘Phénomorphologie du Corps Humain’, alliant à la fois méditations phénoménologiques merleau- pontiennes, philosophie bergsonienne, et travail sur le corps de David Le Breton. Saïd Bouftass, nous invite à ne point occulter le côté philosophique et poétique de la pratique du dessin d’observation du corps humain, obnubilé jusqu’à aujourd’hui par une technicité exacerbée. Un artiste n’est -il pas censé interroger également son regard et sa position dans le monde ?
Cependant, l’enseignement du corps humain au Maroc a toujours été l’objet de controverses sociales, un peu trop sacré, trop profane, trop voilé, trop tabou. Du coup, tel un vrai passionné, depuis son installation, il y’a quelques mois, dans la petite ville de Tétouan, Saïd y fonde son atelier ‘lezard du dessin‘, pour assouvir sa passion autour du corps, mais également pour y partager cet amour avec ses étudiants, et curieux. A cet effet, L’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan, haut lieu d’enseignement d’art plastique dans la ville, accueille, son premier workshop autour de la ‘phénormorphologie du corps humain ‘ qui aura lieu tous les mercredis ; une aubaine pour la population locale, qui pourra baigner désormais dans une belle énergie de partage autour du corps et ses différentes conjugaisons.
De la singularité du visage, à la profondeur du regard qui remue les cœurs et ébranle les âmes. De la multifonctionnalité de la main, prolongement incontestable de notre pensée, maitre de l’écriture, du toucher, de tout ce qui peut nous élever. A l’importance des pieds, constituant notre ancrage terrestre, et centre de notre gravité, portant à la fois le poids de nos entailles et la jovialité de notre être. De toutes ces déductions fruits, d’une hibernation dans la sémantique de Said Bouftass.
Et puis si vous êtes de passage à Tétouan, ne ratez surtout pas le vernissage de son exposition ‘ La connexion humaine, vers une re-définition de l’Art qui aura lieu le 3 novembre à la Galerie ‘Mekki Mghara. A travers cette nouvelle série de peinture, l’idée est de lever les tabous autour du corps, de regarder le corps comme un miracle divin et ontologique et enfin méditer ensemble sur la fonction de l’art pour nous reconnecter avec notre humanité et nous interroger sur la question de l’objet de l’Art dans notre société, dixit Said Bouftass.
Bonne dégustation.
